
Notre histoire
Une vision inachevée
Clément et Greg se rencontrèrent à la gymnastique, où Greg, en tant que coach, accompagna Clément dès ses 12 ans. Durant de longues années, il le forma avec rigueur, jusqu’au jour où tout bascula. Clément découvrit le parkour et le freerun, un sport urbain naissant qui mêlait franchissements d’obstacles et acrobaties. Fasciné par la liberté de mouvement et les défis que cette discipline proposait, il se détourna peu à peu de la gymnastique. Greg, d’une grande ouverture d’esprit, comprit qu’un retour en arrière était impossible. Au lieu de s’y opposer, il décida de soutenir cette passion nouvelle, encourageant Clément et les autres à explorer les possibilités infinies du parkour et du freerun. Les cours se transformèrent alors en entraînements libres, devenant des moments intenses de dépassement de soi et de découverte, où la bonne humeur reignait.
En 2015, Clément avait 18 ans, Greg en avait 24, et avec leur team, "UrbanMove it", ils portaient un rêve qui les dépassait : créer une salle de parkour, un lieu où les passionnés pourraient enfin se retrouver, s’entraîner et grandir ensemble, à l’image de leur propre parcours.
Lorsqu’ils découvrirent ce bâtiment à Gembloux, l’endroit leur sembla presque irréel. Les couloirs sombres, l’espace infini, les murs hauts et nus – ils imaginèrent déjà comment tout cela pourrait se transformer. Leurs voix résonnèrent entre les murs lorsqu’ils énoncèrent leurs idées, esquissant de la main les contours des futurs modules, visualisant chaque saut, chaque acrobatie possible. Ils y virent une promesse, un futur. Avant de partir, un accord de principe fut donné : ils signeraient bientôt.
Quelques jours plus tard, le rêve s’éteignit brutalement. Un appel, bref, sec : le propriétaire avait changé d’avis. Les mots pesèrent lourd ; tout sembla s’effondrer en une seconde. Ils savaient que ce bâtiment, si parfait, était une rareté, un trésor, et le laisser filer équivalait à renoncer à leur rêve. Mais pour l’instant, ils n’avaient pas le choix. À contre-cœur, ils se promirent de ne pas abandonner, même si cette première tentative leur échappait.
Cette année-là, le destin s’acharna : leur club de gymnastique, leur foyer depuis des années, décida d’interdire la pratique du parkour. La team de Clément, un groupe uni par cette passion commune, dut quitter les lieux et laisser Greg derrière eux.
Ce fut la fin d’une époque, et chacun partit de son côté, le cœur lourd.

Les braises sous les cendres
Sept ans plus tard, en décembre 2020, Clément sentit la flamme de son rêve toujours vivante. Elle brûlait encore en lui, sous les cendres de son passé, malgré les années écoulées. Il recontacta Greg, son ancien coach avec qui tout avait commencé, et lui proposa de se retrouver dans leur ancien gymnase, là où leur rêve avait pris naissance.
Le lieu était désert, presque fantomatique, mais pour Clément et Greg, il demeurait chargé de souvenirs. Au milieu de cet espace empreint de nostalgie, il expliqua à Greg qu’il comptait réaliser leur ancien rêve et, cette fois, y arriver coûte que coûte. Après avoir lancé sa startup et décidé de tout arrêter pour revenir à ses racines, rien ne pouvait l’empêcher de créer cet espace où le mouvement et l’esprit de liberté se mêleraient. Ce lieu où, ensemble, ils pourraient partager leur passion avec la nouvelle génération.
Greg accepta sans hésiter. Ce fut le début d’un projet ambitieux, dont ils commencèrent déjà à dessiner les contours, animés par l’énergie qu’ils pensaient avoir perdue.
Clément savait qu’il ne pourrait réaliser ce rêve sans l’une des toutes premières personnes qui avait cru en lui et partageait aussi sa passion : Jonathan. Jon avait été la première connaissance de Clément dans le monde du parkour. À leur rencontre, Clément s’entraînait à Namur, tandis que Jon, originaire de Liège, avait monté sa propre team là-bas. Ce fut grâce au tout nouveau réseau social de l’époque, Facebook, que les deux jeunes adolescents entrèrent en contact. Très vite, Jon l’invita à venir découvrir les spots de Liège lors d’une journée d’entraînement entre teams (UrbanMove it x Levels). Ce fut le début d’une amitié sincère.
Au lendemain de l’acceptation de Greg pour relancer ce projet fou, Clément reprit contact avec Jon pour lui proposer de les rejoindre. Il n’eut besoin d’aucun détail pour accepter. Tout ce qui importait à Jon, c’était de réaliser lui aussi son rêve d’ouvrir une salle de parkour. Son enthousiasme, sa fidélité, et cette même flamme indomptable qui les animait tous les trois étaient au rendez-vous. L’équipe était enfin rassemblée, prête à braver les obstacles à venir.
Dans la foulée, ils commencèrent à dessiner les premiers croquis de ce projet de salle. Surtout, ils s’accordèrent sur le nom que porterait cette dernière. Cette salle, elle se nommerait “Nozarū“.
Nozarū, c’est le surnom que portait un ancien clan de ninjas, de vrais ninjas. Tous sensibles à la culture du Japon, cette thématique leur tenait à coeur. Par-dessus tout, Nozarū se traduit par “Singes des montagnes”. Leurs acrobaties étant souvent comparées à l’agilité des singes ou celle des ninjas, ce mot japonais incarnait un tout. Plus aucun doute, ce nom était fait pour eux.

Contre vents et marées
L’étape la plus difficile resta à venir. Trouver un bâtiment aussi prometteur que celui de 2015 releva de l’impossible. Chaque jour, ils cherchèrent, téléphonèrent, se déplacèrent. Chaque visite d’un bâtiment s’avéra être une désillusion. Les mois passèrent, leur espoir vacilla, mais leur détermination résista.
Puis, à quelques mois de l’échéance qu’ils s’étaient fixée (septembre 2021), une opportunité surgit enfin. Le bâtiment était délabré, le plafonds abîmé, les murs fissurés, et le loyer hors de prix. Pourtant, ils surent, au fond d’eux, que c’était maintenant ou jamais. Ils n’hésitèrent pas et signèrent le bail, conscients des sacrifices que cela impliquerait.
En juillet 2021, le sprint infernal des travaux commença, et le lieu prit peu à peu vie sous leurs mains. La contribution de Jon se révéla alors immense. Toujours présent, il travailla sans relâche, jour et nuit, entre les moments où Greg et Clément pouvaient se libérer. Pour Greg, chaque moment passé dans la salle fut volé à un emploi du temps surchargé : il jonglait entre son travail éprouvant de policier, ses obligations familiales et ses engagements privés. Malgré tout, dès qu’il le pouvait, il rejoignait Jon et Clément, déterminé à donner vie à leur rêve. Clément, lui, fonctionna presque sans dormir : il se levait dès 4 heures du matin pour travailler à son job d’étudiant chez Coca-Cola, puis filait directement à la salle pour enchaîner sur des nuits de construction qui s’étendaient jusqu’à 2 heures du matin. Les nuits blanches se multiplièrent, et le rythme devint impitoyable, mais il s’accrocha. Jon, fidèle au poste, prenait chaque relais dès qu’il le pouvait, assurant une présence ininterrompue pour que le chantier progresse, épaulant ses amis avec une ténacité sans faille.
Le chantier devint une fourmilière d’activité, rassemblant des amis et des proches qui ajoutaient chacun leur pierre à l’édifice.
Emilien Jadoul, le frère de Clément, apporta son savoir-faire en menuiserie.
Quentin Havard, un membre de l’ancienne team de Jon, vena contribuer à la construction.
Jérémy Lorsignol, athlète de haut niveau et initiateur de la démocratisation du parkour en Belgique, partagea ses conseils quant à la conception de la salle.
Bastien Wijnen, un ancien pratiquant de parkour aux mains en or, usa de sa créativité sans limite pour finaliser les derniers détails de la salle.
Malgré la fatigue et les sacrifices, ils façonnèrent peu à peu leur vision, chaque vis enfoncée, chaque mur monté renforçant un peu plus le lien qui les unissait. Chacun d’eux mit tout ce qu’il avait dans cette salle, dans ce projet qui ne ressemblait plus seulement à un rêve de jeunesse, mais à une promesse qu’ils s’étaient faite, envers eux-mêmes et envers cette passion commune qui les avait rassemblés.

Survivre dans les flammes
Deux mois de travail intense menèrent enfin à l'inauguration de la salle. Le jour de l’ouverture, des athlètes du monde entier répondirent à l’appel pour un week-end de haute voltige. Qu’ils viennent de France, du Mexique, du Canada, d’Italie ou de Suisse, tous apportèrent leur énergie et leur passion pour célébrer la naissance de Nozarū.
Cependant, ayant ouvert seulement en octobre, le nombre de nouveaux adhérents restait bien trop faible pour couvrir l’imposante charge financière de Nozarū. Dès lors, pendant de longs mois, Clément et Greg durent injecter leurs propres économies pour assurer la survie de la salle.
Cette première saison fut difficile, tant les efforts fournis semblaient toujours insuffisants pour régler les factures. La crise énergétique aggrava encore la situation, rendant le coût de fonctionnement toujours plus lourd. Chaque jour, ils se demandaient comment ils y arriveraient. Malgré cela, rien n’ébranla leur volonté de partager leur passion avec les quelques “ninjas” de Nozarū. Chaque nouveau saut et chaque acrobatie maîtrisée par leurs élèves leur apportaient une immense satisfaction, renforçant leur détermination à continuer à aller de l’avant.
En septembre 2022, avec le début de la deuxième saison, un souffle nouveau anima la salle. De nombreux nouveaux adhérents firent leur entrée, allégeant quelque peu le fardeau financier des deux fondateurs, même si l’injection des finances personnelles de Clément et Greg restaient indispensables.
Au cours de cette saison, de nouveaux aménagements furent réalisés pour offrir à leurs membres un environnement sûr et motivant. L’installation du plus grand Airbag de Belgique créa un espace dédié à l’apprentissage des acrobaties, tandis que l’Airfloor permit aux plus jeunes d’évoluer en toute sécurité dans leurs mouvements.
Mais surtout, cette deuxième saison marqua un tournant dans la mission fondamentale de Nozarū : soutenir et encourager l’émergence d’athlètes de haut niveau. En juillet 2022, Clément fit la rencontre de Ward, un jeune pratiquant d’Anvers venu plusieurs fois s’entraîner avec Jon à Namur. Jon connaissait l’importance de cette mission pour Clément et lui parla à maintes reprises de ce talentueux athlète. Lorsqu’ils se rencontrèrent enfin, Clément comprit que Jon avait vu juste : Ward possédait le potentiel qu’il recherchait.
Après des mois d’entraînement intensif supervisé par Clément, Ward participa en mai 2023 à sa première Coupe du monde de parkour, organisée par la FIG à Montpellier. À l'exception de Jérémy Lorsignol, aucun autre athlète belge n’avait atteint ce niveau de compétition mondiale. Dès cette première apparition, Ward se distingua, se classant 12e mondial et marquant un nouveau chapitre pour Nozarū.

Le crépitement du changement
L’été 2023 marqua une nouvelle étape décisive. Clément, Greg et Jon eurent l’occasion de multiples échanges avec Quentin Havard, un membre de la team de Jon (Levels) et également un ami de longue date de Clément, avec qui il partage de nombreux souvenirs. Depuis les premiers travaux de la salle de Namur, Quentin n’hésitait jamais à apporter son aide, que ce soit pour des travaux ou pour encadrer des sessions de cours. Il assista également Ward, en tant qu’étudiant en kinésithérapie, durant sa première compétition à Montpellier. Comme le reste de l’équipe, Quentin était animé par la même flamme, une passion profonde pour le parkour et un rêve commun : ouvrir sa salle.
Pour toutes ces raisons, Quentin fut invité à rejoindre le clan Nozarū, avec en ligne de mire un nouveau projet ambitieux : la création d’une deuxième salle à Liège. Les recherches furent intenses, et après plusieurs fausses pistes, ils dénichèrent un lieu unique. Dès l’instant où Clément et Greg franchirent son seuil, ils surent qu’ils avaient trouvé un endroit inédit. Construit sur une ancienne route avec une maison à l’intérieur, ce bâtiment était parfait pour donner vie à leur vision d’un espace inspiré des ruelles de Tokyo. Enthousiastes, ils signèrent rapidement, et la transformation commença plusieurs mois après.
Fort de l’expérience acquise lors de l’ouverture de la première salle, l’équipe parvint à achever les travaux en quelques semaines seulement. Cependant, l’ouverture se fit après la rentrée sportive, privant la salle de nombreux nouveaux membres et augmentant encore un peu plus la charge financière de Nozarū. Malgré tout, les efforts continus dans la salle de Namur permirent de maintenir le cap, toujours sur le fil, mais avec foi en l’avenir.
La performance de Ward à la Coupe du Monde de Montpellier attira l’attention d’autres pratiquants souhaitant rejoindre Nozarū en tant qu’athlètes professionnels. Parmi eux, Alex Berteotti, un jeune homme au talent naturel et à la détermination impressionnante, fit forte impression. Après avoir suivi un parcours gymnique de haut niveau et bénéficié de cours de parkour sous l’aile de Jérémy Lorsignol, Alex revint dans le monde du parkour avec une détermination renouvelée. Séduit par son potentiel et ses valeurs dignes d’un samouraï, Clément lui proposa de rejoindre l’équipe pro de Nozarū.
En septembre 2023, Alex et Ward firent équipe pour la Coupe du Monde de Parkour à Sofia, en Bulgarie, et y réalisèrent des performances remarquables. Alex, grâce à sa condition physique exceptionnelle, se classa tout près de la demi-finale en épreuve de speed et 22e en freestyle. Mais le moment marquant fut l’intégration de Jérémy Lorsignol dans l’équipe d’athlètes Nozarū et sa performance historique. À 37 ans, il marqua l’histoire du parkour en se classant 6e mondial, un exploit qui inspira des générations à venir.
